PSAUME 126 LA JOIE AU MILIEU DES LARMES

 Prédication du 8 Août 2021 par le Pasteur Claude Missidimbazi



« 1 Cantique pour la route vers la demeure de l’Éternel. Quand l’Éternel a ramené les captifs de Sion, nous avons cru rêver.2 Alors nous ne cessions de rire et de pousser des cris de joie. Alors on se disait chez les autres nations : « Oui, l’Éternel a fait pour eux de grandes choses ! »3 Oui, l’Éternel a fait pour nous de grandes choses : nous sommes dans la joie.4 Viens changer notre sort, ô Éternel, comme tu fais couler des cours d’eau au désert.5 Qui sème dans les larmes moissonne avec des cris de joie !6 Qui s’en va en pleurant pour porter sa semence revient rempli de joie, sous le poids de ses gerbes. » Psaume 126

Introduction

« Trop beau pour être vrai. Est-ce que c’est un rêve ? »

Nous voulons ce matin nous réjouir avec le Seigneur. Selon le verset 2 de ce psaume, l’œuvre de Salut de l’Éternel provoque la joie chez son peuple et l’admiration parmi les autres peuples.
Ce qui domine dans ce psaume (cf. versets 2, 3, 5 et 6), c’est manifestement la joie. La joie au milieu des larmes. Une explosion de joie qui éclate en rires et en chansons ! Ainsi Chouraqui traduit : « Alors le rire emplit notre bouche, le chant notre langue… » 
Un autre écrivain dit : « Notre langue s’est mise à parler toute seule… »

Le psalmiste dit ailleurs, dans le psaume 30.11 « Tu as transformé mes pleurs en une danse de joie, et tu m’as ôté mes habits de deuil pour me revêtir d’un habit de fête… »
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Ce psaume fait partie des quinze cantiques des montées, cantiques pour la route vers le Temple de Jérusalem, qui étaient chantées sur le chemin par les pèlerins de l’époque. C’était un devoir pour les israélites de se rendre trois fois dans l’année à Jérusalem pour les fêtes religieuses principales. Ils montaient à Jérusalem pour adorer Dieu et présenter leurs offrandes.La loi ordonnait aux israélites de monter à Jérusalem pour la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tentes. On peut le lire dans Deutéronome 16.16 : « Trois fois par année, tous les mâles d’entre vous se présenteront devant l’Eternel, ton Dieu, dans le lieu qu’il choisira : à la fête des pains sans levain, à la fête des semaines et à la fête des tabernacles. On ne paraîtra point devant l’Eternel les mains vides. »Donc le peuple allait louer et adorer Dieu, comme lorsque le croyant est sauvé, racheté par le Christ Jésus, grâce à Son œuvre. Lorsque nous croyons que le Christ Jésus est le Sauveur et le Seigneur et qu’Il est mort pour nos péchés, ayant versé Son sang à La Croix, alors nous aussi, ayant reçu le don de Son Esprit, étant baptisés, nous prenons la route vers la nouvelle Jérusalem. En marchant, en suivant le Seigneur nous aussi nous aurons des moments de joie, de doutes, de déceptions, de confiance, de lamentations, de triomphe, des moments où nous serons dans l’allégresse et des moments où nous serons dans l’apitoiement.

C’est là la vie chrétienne, cette marche à sa suite en tant que pèlerin chrétien militant, nous sommes en marche vers la nouvelle Jérusalem, dans le but de célébrer et adorer le Seigneur avec tous les autres rachetés.

En ce temps là, le sens premier de ce psaume, celui que le psalmiste y a mis, c’est le retour, en Judée, des déportés par l’édit de Cyrus en 538 après 47 années d’exil à Babylone.

Dieu S’est souvenu de Son Alliance, et Il entre en action. Il agit pour Sa gloire.

Les bénéficiaires eux mêmes n’en reviennent pas ! Ils croient rêver et leur joie explose. 
Même les païens admirent l’œuvre du Seigneur car Dieu démontre Sa réputation de Dieu sauveur, de Dieu libérateur !

Ce septième psaume est à la fois un remerciement mais aussi une prière :

  • Un remerciement pour le retour en Palestine d’un certain nombre d’israélites déportés en Chaldée
  • Une prière pour demander le rétablissement complet et prochain de toute la nation 

Un remerciement pour la fin de l’Exil

v.1-3 « Cantique pour la route vers la demeure de l’Éternel. Quand l’Éternel a ramené les captifs de Sion, nous avons cru rêver.Alors nous ne cessions de rire et de pousser des cris de joie. Alors on se disait chez les autres nations : « Oui, l’Éternel a fait pour eux de grandes choses ! »Oui, l’Éternel a fait pour nous de grandes choses : nous sommes dans la joie. »
Le psalmiste rend grâce. Mais pourquoi ? Parce que c’est la fin de l’Exil : « Quand le Seigneur ramena les captifs de Sion… »
Tout tourne autour de ce travail, de cette œuvre de Dieu. 
Cette action de Dieu entraîne plusieurs réactions :

  1. « Nous étions comme ceux qui font un rêve »

Le peuple était en exil depuis près de 47 ans. Ce peuple, choisi par Dieu, qui a reçu les commandements de Dieu, qui devait être une lumière pour les autres nations, a été infidèle et a connu le jugement de Dieu en étant exilé loin de la Terre promise. Le peuple avait ainsi perdu une partie de son identité et pouvait être complètement perdu.

Mais l’Éternel n’avait pas oublié l’Alliance faire avec les patriarches, Moïse, etc… Et Il fait sa part, en ramenant une partie des exilés.

L’événement est tellement surprenant que les exilés n’osaient croire à leur bonheur, tant il était immense. Un retour en terre promise, ils n’y croyaient plus et pouvaient penser que tout cela s’évanouirait comme un rêve au réveil. Mais c’est lorsqu’on y croit plus que le Seigneur sait prendre les choses en main.

Rassurés sur la réalité de l’événement, ils se livrent ensuite à toute leur joie : « Notre bouche fut emplie de rires » !


2. on se disait chez les autres nations : « Oui, l’Éternel a fait pour eux de grandes choses ! »

Les païens au milieu desquels ils vivaient ont été surpris de cette nouvelle attitude alors que jadis ce peuple était dans l’abattement : cette effervescence, cette joie n’a pas manqué d’interpeller les païens.
C’est le même peuple, mais la différence c’est que le Seigneur a fait pour eux de grandes choses !
Le Dieu sauveur, le Dieu libérateur reçoit à la fois une reconnaissance nationale mais aussi internationale. Les païens reconnaissent que Yahvé est le seul vrai Dieu. Le peuple de Dieu témoigne de la grandeur de Dieu ! 

En hébreu, il n’y a que deux temps : « accompli » ou « inaccompli ». Et lorsque le psalmiste parle il se remémore le passé tout en l’actualisant comme si c’était aujourd’hui : l’Éternel a fait de grandes choses dans le passé mais le psalmiste en parle comme si il vivait ces choses ici et maintenant.
La joie est exprimée dans ce psaume par trois mots de racines synonymes en hébreu : rire, crier de joie, se réjouir.

Il y a ce rire, ces cris de joie, ces chants d’allégresse lorsqu’on est content, lorsqu’on est satisfait, qu’on se réjouit : « notre bouche était remplie de cris de joie et notre langue de chants d’allégresse… »

Le psalmiste affirme au verset 3 : « nous sommes dans la joie. » Dieu est intervenu et le peuple a pu contempler ses œuvres merveilleuses.La joie n’est pas une condition mais une conséquence de l’action de Dieu : quand Dieu n’agit pas, on est triste, abattu, et sans espérance. Quand Dieu agit, tout change et nous sommes heureux !
La joie est la marque du chrétien qui vit et qui voit l’agir de Dieu au quotidien. Le chrétien transforme ce témoignage de l’agir de Dieu en chants de louanges, d’actions de grâces, d’adoration.

Le fruit de l’Esprit, c’est la paix et la joie !
Le centre de ce psaume est cette joie passée, présente et future 
Au verset 3, les paroles sont au présent « Nous nous réjouissons ». La cause de cette réjouissance est dans les versets précédents qui sont au passé .Enfin, la joie de se remémorer les actions de D ieu nous pousse aujourd’hui a avoir une grande foi, une grande espérance pour le futur.
La joie a une histoire : Dieu a agi dans le passé. Aujourd’hui je me remémore tout ce qu’il a fait. Cela me donne la certitude qu’Il va continuer à œuvrer et je ne désespère pas pour le futur car Celui qui a agi hier est le même aujourd’hui et Il le sera demain !
La joie du présent vient du passé et va vers le futur !
« Quand l’Éternel a rétabli Sion, nous étions comme dans une rêve. »
Chacun des actes de Dieu était un miracle impensable, une action impossible à réaliser mais pourtant c’est arrivé !
Nous croyons que l’Éternel,l’unique sauveur, peut nous sauver des situations humainement désespérées !

« O terre, sois sans crainte, jubile et réjouis-toi ! L’Eternel fait de grandes choses. Soyez sans crainte, bêtes sauvages, car les pacages de la steppe vont reverdir, les arbres sont chargés de fruits, le figuier et la vigne font abonder leur riche production. »
‭‭(Joël 2.20-22)
Nous pouvons être en joie pour les bienfaits matériels, bonne santé, succès professionnels, etc. Le catalogue des grâces de Dieu est infinie.
Mais, il n’y a rien au dessus des bénédictions spirituelles que le Père nous accorde dans Son Fils, le Christ Jésus :
Il nous a béni de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ. Il nous a délivrés de notre rébellion. Dans Sa riche miséricorde le Père nous a racheté, libéré du pouvoir des ténèbres et nous a transféré dans le Royaume de lumière du Fils de Son amour ! Nous avons reçu un héritage invraisemblable : le don l’Esprit Saint ! 
Nous avons reçu ce trésor qu’est l’Évangile ! Nous avons reçu le ministère de la réconciliation ! 
Nous avons des valeurs sûres, des cadeaux inimaginables !

Une prière pour le rétablissement complet du peuple

v.4 « Ramène, Yahvé, nos captifs comme torrents au Négeb ! » / « Viens changer notre sort, ô Eternel, comme quand l’eau coule à nouveau dans les lits des rivières du Néguev. » / « Viens changer notre sort, ô Eternel, comme tu fais couler des cours d’eau au désert. »
‭‭La joie du retour des premiers exilés invitent à la prière pour un avenir meilleur et le retour des exilés qui sont encore à l’étranger. 
Le psalmiste se rappelle mais c’est comme si c’était maintenant. Et dans ce maintenant, la situation est difficile, tous ne sont pas rentrés, il y a encore de la tristesse et des interrogations.
Mais le psalmiste ne s’apitoie pas, il se tourne vers Dieu pour Lui demander de venir changer le sort du peuple. 

Nous aussi nous avons pu connaître une joie immense dans le passé, lors de la nouvelle naissance : il y a cette joie immense de découvrir le Christ, de lire les Saintes Écritures pour la première fois, de venir au culte avec les frères et sœurs…
Mais entre-temps, on a peut être vieilli, on a peut être été abîmé par la vie, le péché a pu passer par là, le découragement a pu nous gagner, et à la longue on a pu perdre la joie d’être sauvé, perdre la joie de la communion spirituelle.
Mais dans cette situation, au lieu de continuer à broyer du noir, tournons nous, aujourd’hui, vers Celui qui nous a déjà sauvé jadis, pour Lui demander de nous restaurer.
Cette joie peut être retrouvée dans la prière, dans des moments de qualité passés avec le Christ Jésus dans le sanctuaire de la prière.

Le psalmiste demande à Dieu de ne pas faire les choses à moitié, mais de ramener tous ceux qui sont encore au loin.
Prions nous aussi pour que le Seigneur ranime Son Église.
D ieu est toujours là, ne Le sous-estimons pas, Il est toujours le même qui peut sauver et libérer.

« Viens changer notre sort, ô Eternel, comme tu fais couler des cours d’eau au désert. »
Le psalmiste prend ici une image forte pour exprimer la bénédiction du Seigneur. 
Ce désert (le Neguev) est quasiment toujours à sec. Il se remplit brusquement en hiver et fertilise la terre. On attend rien dans cette région aride, il pleut rarement. Mais quand les pluies tombent, il y a quelque chose de magnifique : les cours d’eau reprennent vie et cette vie fait pousser la verdure rapidement.
Il existe peut d’endroit qui soit plus sec que le Neguev mais Dieu est capable d’y faire tomber la pluie. 
Dans cette prière, par cette image, le psalmiste reconnaît qu’il y a quelque chose que Dieu doit faire qu’aucun être humain ne peut faire : Lui seul peut restaurer et faire pleuvoir des pluies de bénédictions.

Il y a des œuvres que seules Dieu peut faire : Lui seul peut apporter la vie, Lui seul peut fertiliser nos cœurs par Sa Parole, nous faire retrouver notre fraîcheur d’antan, notre premier amour !

Nous devons être capable de regarder notre passé avec joie, notre présent avec des certitudes et le futur avec espérance, car Dieu ne change pas !

Il y a un avenir, une espérance

v.5-6 « Qui sème dans les larmes moissonne avec des cris de joie !Qui s’en va en pleurant pour porter sa semence revient rempli de joie, sous le poids de ses gerbes. »

Le souvenir loin de déboucher sur la nostalgie, donne ici son élan à l’espérance !
Nous avons ici une belle antithèse entre les sentiments du semeur et ceux du moissonneurs.
Celui qui sème, qui jette la semence est souvent plein d’inquiétude : il ne sait pas si cela va marcher, si ça va pousser.
Les semailles représentent souvent dans la Bible une perte momentanée, un risque, des peines, des souffrances, des larmes.
Pour le pèlerin chrétien militant en route, il en coûte avant de récolter. Le règne de Dieu n’avance que par des coûteuses semailles. 

Le Christ Jésus Lui même nous explique dans la « Parabole du Semeur » que ce que l’on sème, la Parole de Dieu, finira par porter beaucoup de fruits. 
Le semeur a pour le moment peine, souffrance et larmes, mais tout ceci est associé à une immense espérance. Et un jour ce semeur se transforme en moissonneur et les larmes se transforment en cantiques, la peine en cris de joie !
L’important est donc de persévérer.
Merci au Père de ne pas se décourager avec nous, alors que nous nous décourageons nous mêmes. 
L’important est la semence qui est jetée, gardons toujours à l’esprit cette affirmation de l’Éternel : « Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: Elle ne retourne point à moi sans effet, Sans avoir exécuté ma volonté Et accompli mes desseins. »
‭‭(Ésaïe‬ ‭55:11‬)

La semence de Dieu est bonne et efficace !
Oui, nous croyons qu’à la fin, Dieu aura toujours le dernier mot !
Soyons habités et conscients que cela va nous coûter quelque chose et que nous devons participer au règne de Dieu en mourant à nous mêmes.
Ne calculons pas quand il s’agit de Dieu : semons avec foi de notre temps, de nos ressources, de notre fidélité, de notre amour !
Il y a un temps difficile de semailles, mais nous croyons qu’il y aura un temps de moisson. Et dans le texte hébreu, il y a plus à la fin (plus de fruits lors des moissons) qu’au début (que de peine lors des semailles) : les larmes sont en parallèle du poids des moissons, mais sont minimes face à l’abondance des gerbes récoltées à porter ! Le travail pénible sera remplacé par des bénédictions qu’on ne pourra plus porter !

Conclusions 

Quelques soient les circonstances réjouissons nous, soyons dans la joie en n’oubliant pas les trois dimensions suivantes : 

  • Le passé pour nous rappeler que Dieu a fait de grandes choses
  • Le présent pour continuer à nous attendre à Lui : Il fait, Il peut et Il fera de grandes choses
  • Le futur, l’avenir avec l’espérance : Il fera de grandes choses.

Nous croyons que Dieu, l’unique sauveur, peut nous sauver des situations humainement désespérées pour qu’en retour tout joyeux nous le remercions !

Le Christ a incarné ce psaume. Il est venu et en lisant ce psaume Il a pu dire : aujourd’hui cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre est accomplie !

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