L’EXPÉRIENCE DE LA SOUFFRANCE

L’EXPÉRIENCE DE LA SOUFFRANCE

Prédication Du 04 Octobre 2020 Par Le Pasteur Claude Missidimbazi

Texte: 1 Pierre 4.12-19

Thème : L’experience de la souffrance

« Bien aimés, ne soyez pas surpris de la fournaise qui sévit parmi vous pour vous éprouver, comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange. Au contraire, réjouissez-vous de participer aux souffrances du Christ, afin de vous réjouir aussi avec allégresse, lors de la révélation de Sa gloire. Si vous êtes outragés pour le Nom de Christ, vous êtes heureux, car l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu repose sur vous. Que nul de vous ne souffre comme meurtrier, comme voleur, comme malfaiteur ou comme se mêlant des affaires d’autrui ; mais si c’est comme chrétien, qu’il n’en rougisse pas ; qu’il glorifie plutôt Dieu à cause de ce nom. Car c’est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu. Or, si c’est par nous qu’il débute, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l‘Évangile de Dieu ? Et si le juste est sauvé difficilement, que deviendra celui qui est impie et pécheur ? Ainsi, que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu, remettent leur âme au fidèle Créateur en faisant le bien. »

1 Pierre 4.12-19

L’expérience de la souffrance

En commençant avec l’expression « bien aimés », l’auteur interpelle l’ensemble des croyants d’hier comme d’aujourd’hui.

Dans ce passage, le Seigneur veut nous entretenir sur l’expérience de la souffrance.

L’ensemble de notre passage est unifié par trois mentions de la souffrance des chrétiens

  • v.13 « réjouissez-vous de participer aux souffrances du Christ »  
  • v.15 « Que nul de vous ne souffre comme meurtrier… »
  • v.19 « Ainsi, que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu… »

La souffrance est inévitable. Malgré tous nos efforts, la vie ne se déroule jamais comme nous le voudrions. Malgré la grandeur de notre foi, la qualité de nos œuvres, la quantité de nos efforts, nous ne pourrons jamais ôter tous les obstacles de notre chemin et supprimer les tragédies de l’existence.

La souffrance a malheureusement tendance à nous séparer des autres et de Dieu, pourtant le message d’aujourd’hui est clair, l’apôtre Pierre nous ordonne : « Cessez de vous étonner de l’incendie, du feu ardent qui a éclaté parmi vous pour vous éprouver comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange voire d’extraordinaire », « Ne soyez pas surpris ! Stop ! »

Le croyant est invité à vivre les difficultés en prenant part aux souffrances du Christ (v.13).

Dans ces difficultés, il est aussi assuré que l’Esprit de Dieu repose sur lui.

L’auteur avance deux explication à l’expérience de la souffrance

  • La souffrance est une épreuve qui emmène les chrétiens à prendre part aux souffrances du Christ, à condition qu’ils soient irréprochables vis à vis de la société. Le chrétien dans l’affliction doit prendre le temps de méditer sur la place que la souffrance prend dans le développement du plan de Dieu.
  • La souffrance doit nous faire réfléchir sur le jugement de Dieu qui a déjà commencé.

« Ne soyez pas surpris, cessez de vous étonner comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange, d’extraordinaire », cette parole est profonde et simple à la fois.

Ce qui serait étrange serait plutôt de constater qu’il n’y ait pas de souffrances dans la vie d’un croyant.

Car la Bible sur ce sujet est très clair. Selon Actes 14.22 « c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le Royaume de Dieu ».

Le chrétien souffre dans un environnement hostile. À cause de l’Evangile, le chrétien est persécuté, harcelé. L’Evangile parle des tribulations qui précèdent l’entrée dans le Royaume des Cieux et Sa gloire (v.13-14).

Le chrétien est appelé à suivre l’exemple de Son Maître qui Lui aussi a souffert avant Lui. Tout chrétien est appelé à supporter patiemment la souffrance à l’image du Christ.

Un théologien russe a dit « La seule chose que Dieu nous promet dans le futur, ici-bas, c’est la persécution ».

A cause de Jésus Christ nous sommes harcelés, mais il n’y a là rien d’anormal. Christ nous a laissé un exemple afin que nous suivions Ses traces. Ne perdons donc pas la tête, ne soyons pas dépaysés au milieu des souffrances.

Jésus Christ, le Serviteur souffrant

Selon le Symbole des Apôtres et le dernier article que nous avons médité, le chrétien croit « en Jésus Christ […] qui a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli… ». Cette doctrine de la souffrance est incarnée par Christ Lui-même, le Seigneur qui nous gouverne aujourd’hui.

L’argument que l’auteur de l’épître nous donne est donc que Jésus Lui-même a souffert pour nos péchés, et nous ne devons qu’à ses douleurs, à Son sacrifice, à Sa mort notre Salut éternel.

Ésaïe 53.3-4 nous dresse le portrait de Jésus comme le Serviteur souffrant, homme de douleur habitué à la souffrance : « Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas. Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; Et nous l’avons considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié. »  

Le Seigneur Jésus est Celui que les prophètes avaient annoncé et Il a accompli à la lettre ce qui avait été annoncé. Le Christ a souffert pour nous, Dieu l’a condamné pour les péchés du monde.

L’apôtre Pierre, qui a fréquenté le Seigneur, nous dit que le Seigneur nous a laissé un modèle dans l’endurance des souffrances, un modèle que nous devons suivre. Au chapitre 2 de l’épître, aux versets 21-25, il affirme « Or, c’est à cela que vous avez été appelés, car le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez Ses traces, Lui qui n’a pas commis de faute – et il ne s’est pas trouvé de fourberie dans Sa bouche ; Lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais S’en remettait à Celui qui juge avec justice ; Lui qui, sur le bois, a porté Lui-même nos fautes dans Son corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice ; Lui dont la meurtrissure vous a guéris. Car vous étiez égarés comme des brebis, mais à présent vous êtes retournés vers le pasteur et le gardien de vos âmes. »

Pour décrire les douleurs du Christ, la Bible utilise des mots comme afflictions, épreuves, douleurs, humiliation, mépris, abandon…

Le Christ a souffert à cause de la haine du monde, le rejet des siens, la faillite de Son peuple, le mépris, l’injustice, la trahison, l’insulte, la douleur… Il a bu jusqu’à l’extrême la coupe de la souffrance et du mal.

L’épitre aux Hébreux 12.2 invite: « Gardons les yeux fixés sur Jésus, dont notre foi dépend du commencement à la fin. Il a accepté de mourir sur la croix, sans tenir compte de la honte attachée à une telle mort, parce qu’Il avait en vue la joie qui Lui était réservée; et maintenant Il siège à la droite du trône de Dieu. »

Dans l’épreuve le Christ Jésus a été obéissant jusqu’à la mort, Il a cru jusqu’au bout. Il a connu, vécu, expérimenté les souffrances.

Ainsi l’apôtre nous incite nous aussi au verset 4.1 « … puisque Christ a souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée… ».

Il nous faut avoir un regard neuf vis à vis de notre Seigneur. La Bible nous décrit à plusieurs reprises très clairement combien le Messie Jésus a souffert.

Lorsque nous considérons Ses souffrances nous ne pouvons qu’être émus et reconnaissants !

  • Le Messie a connu le rejet, le mépris dès le début de Son ministère par les siens, par les autorités de Son temps (Jean 7.15)
  • Le Messie a été calomnié, moqué (Matthieu 9.24)
  • Le Messie a été trahi, a connu une parodie de justice, une mascarade insultante pour ironiser sur Sa royauté, des insultes, des crachats, des coups, Le Messie a connu la tristesse et l’angoisse (Matthieu 27, souffrances annoncées dès le Psaume 22)

Le Fils de l’homme a accompli à la lettre toutes les prophéties. Le Christ avait intégré toute cette souffrance comme nous le montre le passage de Marc 10 : « Ils étaient en chemin pour monter à Jérusalem, et Jésus allait devant eux. Les disciples étaient troublés, et le suivaient avec crainte. Et Jésus prit de nouveau les douze auprès de lui, et commença à leur dire ce qui devait lui arriver: Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le battront de verges, et le feront mourir; et, trois jours après, il ressuscitera. »

Il a supporté la souffrance jusqu’au bout pour pouvoir achever Sa mission. Il n’est pas descendu de la Croix, malgré les appels ironiques à le faire (« qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui »), malgré les insultes des bandits crucifiés avec Lui, malgré l’épitaphe « Jésus de Nazareth, roi des Juifs », placée au-dessus de Lui pour Le ridiculiser.

Le Christ Jésus, Lui qui a été si bon, bénissant, procurant réconforts, guérisons, nourritures à tant de personnes qui Le suivaient, a connu la solitude pour nous. Sa solitude sur La Croix a été radicale : Il meurt en orphelin, méconnu de tous, oublié même du Père ! Mais béni soit D.ieu car La Croix est notre victoire !

Souffrir à la suite de notre Maître et modèle 

Jésus a souffert dans ce monde. Et nous comprenons la motivation, la conviction qu’exprime l’apôtre Pierre lorsqu’il affirme que les chrétiens ne doivent pas s’étonner de la grande fournaise qu’ils subissent : parce que notre Seigneur et Maître y est passé avant nous !

C’est pour cela que nous remettons en cause cet évangile dilué, ce pseudo-évangile tellement embellie qui omet la partie de La Croix, du sacrifice, de la mort à soi-même, ce pseudo-évangile qui promet une vie chrétienne facile, simple. Un évangile qui exclut la souffrance ne peut être vrai : Jésus a souffert et nous participons à ses souffrances.

C’est normal de souffrir à cause de notre foi chrétienne. L’Evangile comprend cette partie de souffrance ; prêcher uniquement le bien être, c’est ôter à l’Evangile de Jésus une grande partie de Sa substance.

Dans un environnement hostile, nous ne devons jamais pointer du doigt le croyant qui souffre tout en étant juste. Car le juste qui souffre participe aux souffrances du Christ, étant donné que ses souffrances sont liées à son attachement au Christ.

Les souffrances des chrétiens sont la conséquence de leurs choix vis à vis du Christ Jésus.

Nous avons été appelés à cela. Nous aimerions tous être heureux sur cette terre, mais ce n’est pas ce que le Christ nous promet : Il nous promet le pardon de nos péchés, le Salut pour notre âme.

Le Christ est notre modèle et nous sommes appelés à imiter ce modèle, Lui qui a su répondre au mal par le bien, répondre à l’injustice par l’action de grâce.

La Christ nous montre un chemin qui est étroit, qui est difficile mais que nous devons suivre à la trace.

La Bible nous présente depuis le début des exemples de personnes qui ont connu le rejet et la souffrance à cause de leur foi, à cause de leur choix de répondre à l’appel de Dieu, à cause de leur vie de piété, tels que : Moise, Jérémie, les auteurs des psaumes de lamentations, dont David, homme selon le cœur de Dieu, qui savaient exprimer leurs déceptions, leurs angoisses, leurs douleurs, leurs dépressions. Les psaumes partagent la vie intérieure, le vécu d’authentiques croyants. Nous avons leurs vraies émotions et sommes témoins de leurs souffrances.

Nous avons aussi l’exemple de l’apôtre Paul :
  • Actes 9 nous montre que dès le départ, Paul a reçu un appel à la souffrance de la part du Seigneur : « Je lui montrerai combien il aura à souffrir pour mon Nom. »
  • Dans 2 Corinthiens 11.23-29, l’apôtre énumère ce qu’il a vécu « Car j’ai travaillé davantage, j’ai été plus souvent en prison, j’ai essuyé infiniment plus de coups ; plus souvent, j’ai vu la mort de près. Cinq fois, j’ai reçu des Juifs les « quarante coups moins un ». Trois fois, j’ai été fouetté, une fois lapidé, j’ai vécu trois naufrages, j’ai passé un jour et une nuit dans la mer. Souvent en voyage, j’ai été en danger au passage des fleuves, en danger dans des régions infestées de brigands, en danger à cause des Juifs, mes compatriotes, en danger à cause des païens, en danger dans les villes, en danger dans les contrées désertes, en danger sur la mer, en danger à cause des faux frères. J’ai connu bien des travaux et des peines, de nombreuses nuits blanches, la faim et la soif, de nombreux jeûnes, le froid et le manque d’habits. Et sans parler du reste, je porte mon fardeau quotidien : le souci de toutes les Eglises. En effet, qui est faible sans que je sois faible ? Qui tombe sans que cela me brûle ? »  

Cette description de la vie de Paul est loin du portrait du chrétien qu’on veut nous brosser aux 21eme siècle. Réalisons donc que le chrétien dans ce monde n’est pas chez lui, il n’est que de passage : il dérange ! Le chrétien doit prendre sa croix et suivre le Christ.

C’est pour cela que l’apôtre Jacques (v. 5.10) nous incite à prendre pour exemple les prophètes qui nous ont précédé : « Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. »

Quel usage devons-nous faire de nos douleurs ?

Tout d’abord, l’épreuve est nécessaire, l’épreuve révèle des choses. La souffrance nous éduque, nous purifie, elle détruit les scories, ce qui n’est pas conforme à Dieu.

Ensuite, Celui qui a réellement souffert dans un domaine sera plus apte à aider les autres. Vivre certaines expériences permet de mieux comprendre. Cela permet d’être une bénédiction pour les autres.

Enfin, nous devons toujours rapporter nos douleurs à la gloire de Dieu, Le louer même au milieu de nos souffrances. Au verset 13, l’apôtre dit « réjouissez-vous de participer aux souffrances du Christ, afin de vous réjouir aussi avec allégresse, lors de la révélation de Sa gloire… »

De plus, celui qui a vécu et surmonté la souffrance peut ensuite rendre gloire à Dieu, exprimer Sa reconnaissance, chanter des louanges qui ont de la substance.

A la fin de notre passage d’aujourd’hui (v.18-19), l’apôtre Pierre donne une autre explication à la souffrance : « Car c’est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu. Or, si c’est par nous qu’il débute, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l‘Évangile de Dieu ? Et si le juste est sauvé difficilement, que deviendra celui qui est impie et pécheur ? Ainsi, que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu, remettent leur âme au fidèle Créateur en faisant le bien. ».

La souffrance doit nous faire réfléchir sur le jugement de Dieu qui a commencé. Dans la souffrance nous devons réfléchir au jugement de Dieu, car ce jugement a commencé dans la maison de Dieu. C’est pour cela que nous devons nous tourner vers Dieu, nous préparer parce que le jugement de Dieu arrive dans ce monde ci et dans le monde à venir.

Pour pousser la réflexion, considérons cette citation d’Hilaire de Poitiers qui a mis en lumière le défi qui se présente à l’Eglise lorsqu’elle est « reconnue », qu’elle ne semble plus être persécutée frontalement : « Quant à nous qui n’avons plus un empereur antichrétien, nous devons combattre un persécuteur encore plus insidieux. Il ne frappe pas notre dos à coups de fouet, il nous caresse le ventre. Il ne nous confisque pas nos biens, mais il fait de nous des riches pour nous donner la mort. Il ne porte pas atteinte à notre liberté en nous jetant dans les fers, mais il nous rend esclaves des invitations qui nous sont faites et des honneurs dans les palais. Il ne porte pas atteinte à nos corps, mais il prend possession de notre cœur. Il ne nous tranche pas la tête du plat de l’épée, mais il nous tue l’âme de ses deniers. »

En Occident, notamment, il y a une menace qui apparait plus grande que la persécution frontale, la menace du faux évangile, le faux christianisme qui prend de plus en plus d’ampleur. Le vrai combat pour l’Eglise en Occident aujourd’hui est celui de la fidélité à l’authentique vérité biblique. 

Nous devons combattre et résister pour préserver la saine doctrine. Et c’est une souffrance de voir les assemblées, où l’on prêche le véritable Evangile, se vider pour remplir les salles où l’on annonce un faux évangile. 

Conclusion

Les épreuves subies sont une participation aux souffrances du Christ. 

Souvenons-nous donc que cette voie de la souffrance débouche dans la gloire comme ce fut le cas aussi pour le Christ.

En temps de difficultés, ne fuyons pas, ne désertons pas mais tournons-nous vers le gardien de nos âmes, le Créateur fidèle. Confions-Lui nos âmes et le Seigneur saura nous garder ! 

Quelle que soit la souffrance, il y a toujours une victoire. La souffrance peut te laisser nu, à genoux, dans les larmes, mais la grâce de Dieu viendra pour te relever ! Tu composeras un chant de louange, tu seras une bénédiction pour l’Eglise dans le domaine particulier où Dieu t’aura touché. 

C’est pour cela qu’il faut se réjouir ! C’est un privilège de participer aux souffrances du Christ.

Que Dieu nous donne d’accepter les souffrances voulus par Lui, d’accepter d’être des hommes de douleurs à l’exemple de notre Maître qui était habitué à la souffrance.

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