RENAÎTRE

RENAÎTRE

Prédication du 17 Mai 2020 par le Pasteur Claude Missidimbazi

Thème : Renaître

Texte : Jean 3,1-15

Dans ce face-à-face entre Jésus et Nicodème, un pharisien, un chef des juifs, notable de Jérusalem, maitre réputé et membre du Sanhédrin (Grand Conseil), donc particulièrement attaché à la Loi et à l’étude des Ecritures Saintes.

Jésus va confronter Nicodème à son besoin le plus essentiel : naitre d’en haut pour entrer dans le Royaume de Dieu.

La nouvelle naissance est le plus grand scandale de la foi chrétienne. Comme le dit le professeur Alesby, la nouvelle naissance est « la pierre d’achoppement qui fait trébucher le plus grand nombre… On peut parler de tout, on peut dire aux gens qu’ils peuvent être plus religieux… Mais si nous leur disions qu’il faut naitre de nouveau, ils s’irriteraient, se mettraient en colère… »

La bonne nouvelle est que le Nicodème d’hier et d’aujourd’hui peut entrer en relation avec Jésus, faire une expérience avec Jésus et en ressortir transformer : dans la situation des ténèbres où il se trouve, le Christ Jésus vient le rencontrer.

Un face-à-face

Après le signe de Cana et l’expulsion des vendeurs du Temple (Jean 2), l’auteur rapporte ici les signes de la présence de Jésus au milieu des siens, au milieu de Son peuple. 

Dans cet épisode, Nicodème, vieux sage, homme de pouvoir et de savoir s’approche de Jésus car il pressent la possibilité d’une vie plus élevée. C’est un représentant du peuple de juif, en quête de vie, de plus de vie. C’est un chercheur honnête qui veut aller plus loin. 

Il va vers Jésus de nuit, sans doute pour ne pas se compromettre. La « nuit » chez l’évangéliste Jean symbolise entre autres la distance qui sépare l’homme de Dieu, elle est aussi l’image des œuvres des ténèbres.

v.2 Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu

Ce que dit Nicodème est intéressant et très fort. Le ‘nous’ employé montre qu’il n’est pas le seul à « savoir ». Il interpelle le Christ Jésus en Lui donnant beaucoup de respect, en l’appelant ‘rabbi’, c’est-à-dire ‘maître’ alors que Jésus n’a pas suivi l’enseignement ‘académique’ qui pourrait Lui faire prétendre à ce titre. Nicodème reconnait ainsi que Jésus est un docteur de Dieu, et même plus, un envoyé de Dieu. Il reconnait que Dieu est avec Jésus. ‘… Personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui » : Nicodème reconnait l’origine divine des signes que Jésus fait. 

Une condition pour entrer dans le Royaume de Dieu

v.3 Jésus lui répondit : Vraiment, je te l’assure : à moins de renaître d’en haut, personne ne peut voir le royaume de Dieu.

La réponse de Jésus est étonnante : comme toujours Il nous ramène à ce qui est essentiel.

« En vérité, en vérité » : quel ton solennel !

Jésus introduit la nécessité de la nouvelle naissance, les raisons de naitre de nouveau.

Nicodème entend bien qu’il y a une condition pour entrer dans le Royaume de Dieu. ‘Entrer dans le Royaume de Dieu’, pour un juif, c’est une aspiration profonde et réelle. 

D’un point de vue religieux, on peut dire que Nicodème avait tout bon. Et pourtant, il ne remplissait pas les conditions pour voir et entrer dans le Royaume de Dieu !

Pour cela, il faut naitre de nouveau par le Saint Esprit, reconnaitre qui est Jésus, croire en qui est Jésus, se convertir, naitre de l’Esprit de Dieu.

Beaucoup pensent que toutes les religions se valent. Certes dans toutes les religions, on retrouve des valeurs authentiques (valeurs morales positives, croyance en l’existence d’un dieu, la croyance en une vie après la mort), mais il y a des différences dans les affirmations doctrinales, les exigences morales, les pratiques… Une religion est un moyen d’être agréé du dieu de ladite religion. 

Mais la voie du Christ-Jésus est différente : le christianisme affirme que c’est Dieu qui prend l’initiative. Il a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils, Son unique pour sauver les hommes (Jean 3.16).

Le Christ Jésus proclame l’avènement, la proximité du Royaume de Dieu ainsi que la nécessité de changer et d’accepter avec foi la Bonne Nouvelle (Marc 3.15).

Naitre d’eau et d’Esprit

v. 5 « … si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu »

Que veut dire cette expression ‘passer par la nouvelle naissance’, ‘naitre d’en haut’, ‘naitre d’eau et d’Esprit’ ? 

Même pour Nicodème, expert dans les Saintes Ecritures, ces paroles sont difficiles à comprendre (v. 9-10). Et Jésus est très clair, si on ne nait pas d’en haut on ne peut comprendre les choses spirituelles.

Nicodème savait bien que Jésus ne parlait pas de réincarnation, mais il ne comprenait pas pour autant la nature de la régénération, parce qu’il n’était pas entré dans la logique de Dieu, dans l’expérience de la nouvelle naissance.

Que signifie donc naitre ‘d’eau et d’esprit’ ? 

Il ne s’agit ni du baptême d’eau (instauré après la résurrection), ni de réformation personnelle, ni de nouvelle naissance physique.

Jésus parle de naitre, d’être engendré. Ce verbe a un sens symbolique. Il s’agit d’une action de Dieu par le Saint Esprit, d’une nouvelle vie que Dieu donne par Son Esprit. 

Cette nouvelle naissance est capitale, car la religion ne sauve personne. Personne ne peut être sauvé parce qu’il fait des choses pour être agréé de son dieu. 

Jésus monter la condition clef pour entrer dans le Royaume de Dieu : c’est naitre de nouveau.

D’après Romains 3.23-24, « tous ont péché ». Parce que tout humain est mort spirituellement, parce que tout homme est aveugle spirituellement, plongé dans l’obscurité de l’ignorance, étranger à la vie de D.ieu, incapable par lui-même de se repentir ou de croire, étant par nature objet de la colère de D.ieu (Ephésiens 2.3) … C’est à cause de cela que l’homme doit naitre de nouveau.

Jésus est catégorique : pour pouvoir vivre la vie nouvelle, il faut une action de l’Esprit. Il faut naitre d’en haut afin d’être capable de voir et entrer dans le Royaume de Dieu.

« Voir le Règne de Dieu », « Entrer dans le Royaume de Dieu »

Les juifs pensaient qu’ils étaient eux-mêmes le Royaume de Dieu, à cause de leur appartenance au peuple élu, étant descendants d’Abraham, Isaac et Jacob, à cause des promesses qui avaient été faites par Dieu à ces derniers.

Dans l’expression naitre « d’en haut », le mot grec indique la provenance de l’action : il s’agit d’une action divine. Ce n’est pas à l’homme de le faire, de le fabriquer, de le bricoler.

La réalité du règne de Dieu ne peut être vu que par celui qui est né d’en haut.

Dans notre passage, le verbe « voir » a le sens de « faire l’expérience de », « avoir part ». Nul ne peut faire l’expérience du règne de Dieu, s’il ne nait d’en haut.

Naitre « d’eau et d’esprit » : ces paroles nous ramènent aux prophètes du Premier Testament :

  • Jérémie 31.33-34 « Je mettrai ma loi à l’intérieur d’eux, je l’écrirai dans leur cœur »
  • Ezéchiel 11.19-21 « … Je mettrai en eux un esprit nouveau. Je retirerai de leur corps le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair. »
  • Ezéchiel 36.24-38 « Je vous aspergerai d’eau pure et vous serez purifiés. Je vous purifierai de toutes vos impuretés… Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau… C’est mon Esprit que je mettrai en vous. Ainsi, je vous ferai suivre mes prescriptions, garder et respecter mes règles. »

Les prophètes avaient déjà annoncé que Dieu allait faire une œuvre extraordinaire : ‘Je vous aspergerai d’eau pure et vous serez purifiés’. Dieu l’a promis et Dieu l’a fait !

C’est Dieu qui prend les choses en main, parce que l’homme en est incapable et son cœur est souillé. C’est Dieu qui prend l’initiative de purifier de donner un nouveau cœur, de mettre en l’homme un esprit neuf : Son propre Esprit. ‘Ainsi je vous ferai suivre mes prescriptions, garder et respecter mes règles’. 

On peut aussi rapprocher ce verset 5 du verset 5 de Tite 3 : « Il nous a sauvé et Il ne l’a pas fait à cause des actes de justice que nous aurions pu accomplir, mais conformément à Sa compassion à travers le bain de la nouvelle naissance et le renouvellement du Saint Esprit ».

En ce temps-là, lorsque les païens se convertissaient au judaïsme, ils se faisaient baptiser afin d’enlever leurs impuretés. Nicodème a dû être surpris que même de bons juifs religieux avaient l’obligation de passer par un bain de purification. 

La nouvelle naissance exige une purification de nos péchés et une vie nouvelle par la puissance du Saint Esprit (Jean 1.12-13). 

v.7 Aujourd’hui la nécessité d’être régénéré d’en haut n’est pas suffisamment reconnue. Le besoin d’une totale transformation est exigée. Jésus n’est pas intéressé par la religiosité : il faut que nous naissions de nouveau. C’est une sainte obligation pour recevoir la vie spirituelle et être en communion avec Dieu.

v.6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit.

Jésus établit une analogie entre ce qui se passe dans le monde physique et ce qui se passe dans le domaine où le Saint Esprit est à l’œuvre. Il dit clairement qu’il y a deux types d’existence, une dans le cadre du monde physique et une dans la perspective de la vie spirituelle.

Les parents humains donnent la vie à leur enfant, mais seul l’Esprit Saint peut procurer la vie spirituelle. Il est le seul qui peut mettre en l’homme la nature spirituelle, la nature même de D.ieu. Il fait que nous devenions enfant de D.ieu.

Selon 1 Corinthiens 15.50 « notre corps de chair et de sang ne peut accéder au royaume de Dieu : ce qui est corruptible ne peut avoir part à l’incorruptibilité ».  La chair représente ici la faiblesse et l’impuissance du monde d’en bas qui ne saurait prétendre au monde d’en haut. 

De lui-même l’homme est limité, faible et mortel : seul une manifestation de la puissance de l’Esprit peut lui faire comprendre et expérimenter la puissance de Dieu. La vie éternelle est un don de Dieu.

Le Salut est hors des possibilités humaines. Mais tout est possible à Dieu, et le Fils de Dieu est Celui qui fait renaitre (Marc 10.27).

La nouvelle naissance est un fait unique, qui se passe une fois pour toute. Nous pénétrons par notre nouvelle naissance dans la vie spirituelle. C’est Dieu qui fait naître de la vie spirituelle. Nous sommes bénéficiaires de Sa grâce.

De même que notre naissance humaine est opérée par nos parents, sans que nous n’ayons rien à faire, la naissance spirituelle est un acte de Dieu. Il le fait par la puissance de Son Esprit Saint.

Ce qui se passe au moment de la régénération est plus important même que notre naissance naturelle, elle nous fait devenir participant de la nature divine, elle fait entrer dans la vie éternelle.

Pour les auteurs du Nouveau Testament, la nouvelle naissance est l’évènement central du christianisme le passage de la vie humaine à la vie éternelle.

Si l’origine de la nouvelle naissance est mystérieuse, ses effets sont bien reconnaissables

v.8 Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit.

v.8 En grec, hébreu et latin le même mot (rouah, pneuma) signifie vent, souffle et esprit.

Jésus établit ici encore une analogie entre ce qui se passe dans ce monde physique (le vent qui souffle) et ce qui se passe dans le domaine où l’esprit de D.ieu est à l’œuvre. 

La comparaison porte sur le vent qui est libre et insaisissable. Il ne peut s’enfermer, ni se conserver, pourtant personne ne peut dire que le vent n’existe pas. 

« Qu’est-ce que le vent ? » 

Le vent ne se décrit pas, seuls ses actions, les phénomènes qu’il engendre se décrivent. On ne voit pas le vent mais les signes de sa présence sont là devant nos yeux. 

Voilà ce qui se passe pour ceux qui naissent d’en haut : il y a une part de mystère (Colossiens 3.3), mais les effets sont néanmoins palpables, reconnaissables. La vie de Dieu a des effets comme le vent qui chantent dans les arbres, fait danser les épis de blés murs et poussent les voiles des bateaux. 

L’action de l’Esprit est une réalité concrète.

Quand on parle de naitre de l’Esprit, il s’agit de faire mourir ce qui est de la chair, et vivre par l’Esprit. 

Il n’est pas juste question de ‘voir’ mais aussi et surtout de ‘vivre’. Il nous faut vivre de l’Esprit pour saisir ces réalités qui sont là devant nous. 

Jésus nous amène à une juste compréhension de cette naissance d’en haut. Ce n’est pas une naissance mystique loin de la réalité, elle est dans le concret de la vie au quotidien. Celui qui est né d’en haut est bien sur cette terre, mais il est différent parce que au-dedans de lui il a reçu le don de l’Esprit et il vit avec Dieu, il marche avec Dieu.

Cette nouvelle naissance est rendue possible grâce à la Croix du côté de Dieu, et par la foi et la repentance du côté de l’homme (Jean 3.14-15).

La nouvelle naissance est rendue possible par la mort du Christ Jésus sur la Croix, Sa résurrection et Son ascension, après lesquelles Il a répandu Son Esprit.

Nous avons ici le cheminement, ce qu’il faut faire pour naitre de nouveau et recevoir cette vie : il s’agit de croire que Jésus est le Fils de Dieu, et en croyant nous aurons la vie éternelle. C’est cela que Dieu nous demande, Il nous demande de croire (v.15 et 18). 

Nicodème est passé d’une croyance élémentaire fondée sur les miracles à une foi plus profonde (cf. Jean 2.23-24). 

Plus tard dans l’évangile de Jean (7.50-51), nous revoyons Nicodème et on peut constater le changement. Lui qui était venu en catimini de nuit pour voir le Christ, c’est lui qui prend courageusement la défense de Jésus en plein jour, face aux autres pharisiens. C’est lui encore qu’on retrouve après la crucifixion, accompagnant Joseph d’Arimathée pour ensevelir le corps de Jésus (19.39-42). On peut en déduire qu’il est devenu un disciple de Jésus loyal qui ne se cache plus désormais.

Nicodème est sorti différent de son entretien avec Jésus. Il a été bénéfique pour lui. Il est né de nouveau.

Sommes-nous nés d’en haut ? 

L’origine de la nouvelle naissance est mystérieuse, c’est l’œuvre de Dieu par le Saint Esprit, mais ses effets sont néanmoins reconnaissables.

Celui qui est né de Dieu présente les caractéristiques suivantes : 

  • Il aime Dieu et l’amour de Dieu est répandu dans son coeur (1 Jean 4.18-19, Romains 5.5) ;
  • Il aime l’Eglise de Dieu, les frères et sœurs, il recherche la communion avec eux (Jean 13.35, 1 Jean 3.14 & 19) ;
  • Il aime son prochain et a une passion pour les âmes qui s’égare, il veut témoigner de l’Evangile pour leur salut ;
  • Il aime et pratique la justice, il n’aime pas le péché (1 Jean 5.18), il cherche la gloire de Dieu (1 Jn 2.29), il ne demeure pas dans le péché 
  • Il a une faim profonde de la Parole de Dieu (Psaume. 119.131 & 162 & 174, 1 Pierre 2.2)

Une vie animée par l’Esprit chante les cantiques de Dieu, remercie Dieu en toutes circonstances, prie chaque jour, est imprégnée de la Parole, aime l’assemblée de Jésus, les frères et sœurs, se manifeste par la mise à disposition de ses biens en offrande pour le travail de Dieu…

1 Pierre 1.3-5 « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon Sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir, lequel vous est réservé dans les cieux, vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps ! »

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