SEIGNEUR, TU ES POUR NOUS UN LOGIS (1èrePartie)

Prédication Du 12 Septembre 2021 Par Le Pasteur Claude Missidimbazi

Texte : Psaume 90

« Prière, de Moïse, l’homme de Dieu. Seigneur, d’âge en âge tu as été notre abri.Avant que les montagnes naissent et que tu enfantes la terre et le monde, depuis toujours, pour toujours, tu es Dieu. Tu fais retourner l’homme à la poussière, car tu as dit : « Fils d’Adam, retournez-y ! »Oui, mille ans, à tes yeux, sont comme hier, un jour qui s’en va, comme une heure de la nuit.Tu les balayes, pareils au sommeil,qui, au matin, passe comme l’herbe ; elle fleurit le matin, puis elle passe ; elle se fane sur le soir, elle est sèche.Oui, nous avons été achevés par ta colère,épouvantés par ta fureur.Tu as placé nos fautes en ta présence,nos secrets à la clarté de ta face.Oui, devant ta fureur s’effacent tous nos jours ; le temps d’un soupir, nous avons achevé nos années :Soixante-dix ans, c’est parfois la durée de notre vie, quatre-vingts, si elle est vigoureuse, et son agitation n’est que peine et misère ; c’est vite passé, et nous nous envolons.Qui peut connaître la force de ta colère ?Plus on te craint, mieux on connaît ton courroux !Alors, apprends-nous à compter nos jours, et nous obtiendrons la sagesse du cœur.Reviens, Seigneur ! Jusqu’à quand ? Ravise-toi en faveur de tes serviteurs. Dès le matin, rassasie-nous de ta fidélité, et nous crierons de joie nos jours durant.Rends-nous en joie tes jours de châtiment, les années où nous avons vu le malheur.Que ton action soit visible pour tes serviteurs, et ta splendeur pour leurs fils !Que la douceur du Seigneur notre Dieu soit sur nous !Consolide pour nous l’œuvre de nos mains,oui, consolide cette œuvre de nos mains. »
Psaume 90

Introduction

Plus nous creusons ce magnifique psaume et plus nous sommes émerveillés.
Il s’agit d’une prière de Moïse, l’homme de Dieu, celui qui a une relation intime, une communion avec Dieu.

Dans cette prière, Moïse demande que Dieu nous accorde la sagesse du cœur : « Apprends nous à compter nos jours, et nous obtiendrons la sagesse du cœur. » (v.12)
Notre message de ce matin peut se résumer comme suit : « En raison de la brièveté de la vie, cherchons à acquérir la sagesse : c’est à dire à faire de Dieu notre refuge. en obéissant à Ses commandements. »
Le psaume 90 met face à face l’éternité de Dieu et la vie humaine brève et difficile.
Nous devons constamment nous souvenir que notre vie sur terre est brève et fragile, face au Dieu éternel. Mais Dieu veut être notre refuge donnant ainsi un sens à notre existence.
Prions que Dieu nous accorde Sa sagesse qui consiste à L’aimer, Lui obéir, Le louer et Le servir.

La fidélité de Dieu

v.1 « Prière, de Moïse, l’homme de Dieu.Seigneur, d’âge en âge tu as été notre abri. »
D’emblée le psalmiste affirme sa foi, en nous faisant une confidence : le texte débute par la proclamation de la fidélité de Dieu qui traverse les siècles et rejoint Moïse au moment où il prie.
Le psalmiste loue et en appelle à l’éternelle stabilité de Dieu : « d’âge en âge », « depuis toujours et pour toujours », Tu es Dieu.

Le psalmiste est conscient de la fidélité de Dieu. Il a expérimenté la constance, l’immutabilité de Dieu et il est capable d’en témoigner.
Dès le premier verset, le Seigneur est invoqué comme un refuge : « Toi Tu es une maison pour nous ». Cette affirmation de foi est de la plus haute importance.
Le mot hébreu traduit ici par refuge ou abri signifie :

• Au sens premier habitation, demeure et sert à désigner le lieu où se terrent les animaux de la forêt, où ils peuvent vivre sans être dérangés (voir Nahum 2.12).
• Il désigne aussi le lieu où Dieu habite dans le Ciel et dans le Temple saint de Jérusalem (voir Psaume 26, Deutéronome 26)

Au sens figuré, le terme hébreu englobe donc la notion d’abri, de lieu où se réfugier et se trouver en sécurité. Il signifie refuge, aide et protection.
On peut donc traduire le verset par : « D’âge en âge Tu es notre logis, notre demeure, notre habitation, notre protecteur, notre assurance. »

Nous lisons ainsi ailleurs dans la Bible : 

• « Sois le rocher où je m’abrite, où j’ai accès à tout instant : tu as décidé de me sauver. Oui, tu es mon roc, ma forteresse. » (Psaume 71.13) 
• « Oui, SEIGNEUR, c’est toi mon refuge ! — Tu as fait du Très-Haut ta demeure… » (Psaume 91.9)

Moïse nous dit donc que le croyant n’est pas sans abri. Il n’a pas besoin de se construire un abri, un logis parce que son abri est un don de Dieu. Dans le chapitre 14 de l’évangile de Jean, le Christ Jésus dira : « Je vais vous préparer une place… ».

Cet abri ce n’est pas une place particulière, quelque chose de matériel mais c’est Dieu Lui même !

Depuis toujours Dieu est Dieu 

v.2 « Avant que les montagnes naissentet que tu enfantes la terre et le monde,depuis toujours, pour toujours, tu es Dieu. »

Le psalmiste affirme l’antériorité de Dieu par rapport au monde. De Dieu, il est dit qu’il précède l’existence du cosmos tout entier. Dieu est Dieu avant l’origine de toute chose, Il est Lui même l’origine de tout.

Dieu existe avant les montagnes. Les montagnes existent pourtant depuis des temps immémoriaux. Dans la Bible, elles symbolisent la stabilité et c’est Dieu qui en est le Créateur. Le psalmiste nous amène ainsi au delà de la Création, avant que les montagnes ne soient accouchées, avant que la terre et le monde même ne soient enfantés.
La terre existe depuis des millénaires.
L’Ecclésiaste dira, en méditant sur la vie de l’homme marquée par la mort : « Une génération s’en va, une autre vient et la terre est toujours là…»(v.1.4).
Et là encore Dieu est le Créateur et le Seigneur de toute la terre !

Dieu est également infini par rapport au temps : Il n’a ni commencement, ni fin, il est libre de toute succession de temps et Il est la cause du temps.
Les Saintes Écritures nous enseigne à maintes reprises que Dieu est éternel : 

• Il est appelé le Dieu de l’éternité (Genèse 21.33)
• Le psalmiste affirme « d’éternité en éternité, Tu es Dieu » (Psaume 90.2), « mais toi, tu restes le même, et tes années ne finiront point. » (Psaumes‬ ‭102:28‬)‬‬
• Le prophète Esaïe Le décrit comme le Très-Haut dont la demeure est éternelle
• L’apôtre Paul dit que Dieu seul possède l’immortalité (1 Timothée 6.16) 

Pour Dieu, l’éternité est un maintenant, un éternel présent. Il possède la totalité de Son existence en un présent indivisible.

« Car les montagnes peuvent s’écarteret les collines chanceler, mon amour ne s’écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas, dit Yahvé qui te console. » (Esaïe 54.10)Dieu est notre maison. Celui qui est notre logis nous aime et nous aimera toujours.

La fugacité de la vie humaine

v.3 « Tu fais retourner l’homme à la poussière, car tu as dit : « Fils d’Adam, retournez-y ! » »

Après avoir affirmé cette vérité que Dieu est éternel, infini et immuable, le psalmiste met en opposition l’homme à Dieu.
En contraste avec l’éternité de Dieu, affirmée au verset 2, le verset 3 traite du retour de l’homme à la poussière.
« Tu fais retourner l’homme à la poussière ». Cela veut dire que Dieu est notre créateur et aussi que nous sommes des êtres fragiles. Comprenons donc que cette vie humaine est sous mandat divin. Nous devons accepter notre finitude. En face de l’immensité de Dieu, nous ne sommes que poussière. La crainte devrait nous saisir !
La traduction de Chouraqui nous parle de pérennité de Dieu, qui contraste avec l’homme qui est éphémère.

La vie ne nous appartient pas : elle nous est prêtée par le CréateurEt ainsi un jour nous devrons rendre des comptes pour cette vie qui nous a été donnée.

v. 4-6 « Oui, mille ans, à tes yeux,sont comme hier, un jour qui s’en va,comme une heure de la nuit.Tu les balayes, pareils au sommeil, qui, au matin, passe comme l’herbe ; elle fleurit le matin, puis elle passe ; elle se fane sur le soir, elle est sèche. »

Ces images très claires montrent la fragilité et le caractère éphémère de l’homme.

« Oui, mille ans, à tes yeux, sont comme hier »L’apôtre Pierre rappelle : « Mais il est une chose que vous ne devez pas oublier, mes chers amis : c’est que, pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. » (2 Pierre 3.8)
Sommes nous conscients de la réalité du temps qui passe ? Sommes nous si peu conscients que nous ne sommes rien que poussière, ou comme l’herbe qui sèche si vite ?
Nous sommes si peu réconciliés au temps qu’il continue de nous étonner : que le temps passe vite ! Le temps nous habite, nous sommes dedans mais souvent nous ne sommes pas conscients du temps.Même si un homme parvenait à vivre 1000 comme Mathusalem (qui a vécu 969 selon Genèse 5), aux yeux de Dieu ce ne serait qu’un jour ou même une veille de la nuit (une période de 4h).
Le verset 4 insiste sur le contraste entre l’éternité de Dieu et la brièveté de la vie humaine.
Nous essayons de retarder les effets du temps, de lutter contre le vieillissement et la mort.
Dieu emporte les humains comme un fétu de paille dans l’ouragan. Et le prophète Esaïe rappelle que « tout homme est comme l’herbe et toute sa gloire est semblable à une fleur des champs » (40.6).
Nous devons comprendre que Dieu est le tout autre, nous ne devons pas nous croire au même niveau que notre Créateur et nous devons accepter que nous ne sommes pas des dieux nous mêmes. Nous devons nous humilier devant Celui qui nous a tiré de la poussière et qui le pouvoir d’ordonner « Fils d’Adam, retournez-y ! ».

La colère divine

v.7 « Oui, nous avons été achevés par ta colère, épouvantés par ta fureur.Tu as placé nos fautes en ta présence,nos secrets à la clarté de ta face. Oui, devant ta fureur s’effacent tous nos jours ; le temps d’un soupir, nous avons achevé nos années : Soixante-dix ans, c’est parfois la durée de notre vie, quatre-vingts, si elle est vigoureuse, et son agitation n’est que peine et misère ; c’est vite passé, et nous nous envolons. »

Ce passage nous décrit la colère divine en plein travail de destruction.
Le Seigneur est Dieu, Dieu a autorité sur l’homme. Lorsque l’homme ne reconnaît pas l’autorité de Dieu, Il est en colère et Il exerce Son jugement.
La colère de Dieu est paradoxale : 

• D’un côté l’É.ternel fait grâce, Il est compatissant, lent à la colère et rempli de bienveillance (Psaume 145.8).
• Mais de l’autre côté, Il est Celui qui lance contre Son peuple désobéissant Son ardente colère, la fureur, la rage, la détresse, une mission d’ange de malheur (Psaume 78.49).

Il faut du temps pour allumer la colère de Dieu, mais lorsque elle se déchaîne, elle est ardente, sans pitié, violente et consumante. 

On ne peut rien cacher à Celui qui va nous juger : « Tu mets devant toi nos fautes Et à la lumière de ta face ce que nous dissimulons. » (v.8)Nous n’avons donc aucun intérêt à être hypocrites ou faire semblant.

Dieu connaît le fond de nos cœurs et nos vies. C’est rassurant pour celui qui n’a rien fait et que l’on accuse à tort, c’est rassurant pour le croyant de savoir qu’un jour Dieu va déverser Sa colère sur les méchants.
On ne peut pas parler de l’amour de Dieu sans parler de Sa justice et Sa colère.
Mais Dieu dans Sa colère nous avertit et nous invite à changer. C’est seulement si nous refusons de fléchir le genoux devant Lui que nous aurons à affronter Sa colère et la suppression de notre prétendue indépendance.
Dieu est en colère parce qu’Il voit Sa création sous les assauts de l’injustice, du mal. Il ne peut rester les bras croisés et promet qu’Il réglera tout cela un jour.
Mais Dieu a donné Son propre Fils. Le Christ Jésus a été rejeté et la malediction est tombé d’abord sur Lui. Il a subi pour nous la colère divine.Il est mort mais Dieu L’a ressuscité et à tous ceux qui Le reçoivent Il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. 
Le Christ est devenu l’Agneau de Dieu qui a subi la colère de Dieu pour celui qui a la foi, pour qu’il soit sauvé au jour du jugement de Dieu, si il persévère dans l’union avec Lui jusqu’au bout. 

Ainsi, nous n’avons plus d’excuses pour le jugement dernier. 

Romains 1 nous parle de la colère de Dieu qui n’attend que le Jour du Seigneur pour se déverser sur tous ceux qui ont rejeté Son Christ.

Les versets 8 à 9 considèrent les péchés de l’homme comme la cause du châtiment divin.Tel un grand inquisiteur Dieu a sous Ses yeux tous les péchés des hommes et tous leurs secrets.Tout est connu de Dieu. Ce qui est important c’est ce que Dieu sait et connait de nous. 

Quoiqu’il en soit, quelque soit le nombre d’année que Dieu nous accorde, nous ne serons jamais totalement heureux. Bien souvent, la plupart de ces années sont des années difficiles. Même une longue vie dont on peut être fier contient beaucoup de peines et de misères. La vie n’apporte pas toujours ce que les hommes en espèrent. Pour qui n’a pas trouvé Dieu, pour qui n’a pas trouvé le sens de sa vie dans des valeurs éternelles, alors sa gloire est éphémère. 
Il faut savoir compter ses jours.

La vraie sagesse

v.11-12 « Qui peut connaître la force de ta colère ? Plus on te craint, mieux on connaît ton courroux !Alors, apprends-nous à compter nos jours, et nous obtiendrons la sagesse du cœur. »

Le psalmiste demande à Dieu : « Enseigne nous, initie nous à bien compter, à reconnaître la brièveté de nos vies ». Dans quel but ? Dans le but d’obtenir la sagesse.

La vraie sagesse est de se reconnaître mortel et pécheur, différent de Dieu, ayant besoin de son pardon, de son amour, conscient de son inéluctable finitude.Nous allons tous mourir, la vraie sagesse est de craindre Dieu.
« Car le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu »
« La connaissance commence par la crainte de l’Éternel. Il faut être fou pour mépriser la sagesse et l’instruction » (Proverbe 1.7).
Que signifie craindre Dieu ?
Craindre Dieu signifie observer Ses commandements, obéir à Sa voix, marcher dans Ses voies, renoncer au mal et Le servir, c’est Le suivre, Le respecter.

La sagesse et l’expérience ne peuvent pas être « copiées ».
Dieu nous répète sans cesse : « Respecte moi ! Je suis là pour ton éducation, Je suis là pour ton bien ! »
Dieu donne des règles à respecter pour qu’il n’y ait pas de désordre dans le monde qu’Il a créé.
Le psalmiste prie « apprends moi à compter nos jours », parce que nos jours sont comptés. Nous voulions profiter du peu de jours qui peuvent nous rester pour toujours mieux faire pour la gloire de Dieu.
Le psalmiste demande à être pleinement conscient de ses limites et de sa mortalité de sorte que la valeur de sa vie ressorte et que le « maintenant » prenne toute son importance. 
La prière doit nous transformer et nous changer. Elle nous donne d’être conscient que nous ne sommes rien et que Dieu nous a fait grâce.

« Souviens toi que tu vas mourir », cette formule est connue sous le nom de « Memento Mori ». Les romains rappelaient aux généraux qui avaient remporté des victoires, au moment où ils fêtaient leurs triomphes : « souviens toi que tu vas mourir, malgré ta gloire ».

Il y a souvent trois sujets tabous dans nos assemblées : le sexe, l’argent et la mort.
Le théologien Matt McCullough écrit : « la thèse centrale de mon livre est paradoxalement que la meilleure façon de profiter de votre vie et d’être honnête au sujet de votre mort. » (voir le livre « Remember Death »
C’est vrai qu’aujourd’hui, on évite de trop méditer sur la mort, on a évacué cette notion, cette réalité en éloignant les aînés qui sont proches de la mort dans des maisons de retraites, en éloignant les cimetières…Cette culture du rejet de la mort se voit dans les pratiques funéraires modernes, en essayant d’embellir cercueils et autres pour estomper le fait que la mort est laide.

Souvenons nous que nous allons mourir et que nos jours sont limités : nos soucis d’argent vont finir un jour, nos biens matériels vont rester derrière nous, nos rêves et nos ambitions vont s’évanouir, nos activités vont cesser… On ne peut rien emporter.
Alors il est temps de renoncer à la frénésie d’accumuler des biens matériels et richesses. Suivons l’exemple du Christ qui a vécu très simplement. Nous devons faire des choix.
L’Evangile nous appelle à la modestie, à l’humilité. Les richesses que Dieu donne sont au delà de toute attente. Au lieu de nous faire du soucis pour les choses de ce monde, investissons pour les choses d’en haut, pour l’avancement du Royaume de Dieu.

Conclusion

N’oublions pas que, d’un côté Dieu est éternel, et que de l’autre côté il y a notre finitude. 
N’oublions pas que nos péchés nous condamnent. Que Dieu voit tout. Mais que Dieu fait aussi grâce. 

N’oublions pas que nous pouvons aujourd’hui changer le cours de notre vie : c’est à nous d’aller vers le S.eigneur et de nous repentir, en mettant de l’ordre dans notre vie intérieure, notre vie avec les autres.
Respecter et craindre Dieu, c’est bien plus important que nos ambitions terrestres.
Faisons cette prière comme Moïse : « Notre vie est courte, Seigneur fait nous comprendre cela. Alors notre cœur sera rempli de sagesse. »

Demandons à Dieu cette prise de conscience que notre vie est courte.