Prédication Culte du 8 janvier 2023 par le Pasteur Claude Missidimbazi
« Je dis donc : Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez. Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi. Or, les œuvres de la chair sont évidentes; ce sont la débauche, l’impureté, le dérèglement, l’idolâtrie, la magie, les rivalités, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l’envie, l’ivrognerie, les excès de table, et les choses semblables. Je vous dis d’avance, comme je l’ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n’hériteront point le royaume de Dieu. Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi; la loi n’est pas contre ces choses. Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. »
Galates 5.16-23
Introduction
Faisons tout par le Saint Esprit. Nous lisons aujourd’hui ce passage, si riche, qui est tiré de l’épître de Paul aux Galates. L’apôtre y parle particulièrement de la liberté que nous avons en Jésus Christ : être affranchi de la Loi pour servir le Dieu vivant et vrai.
Il existe un ennemi sournois, qui nous est intérieur, un ennemi capable de nous éloigner de Dieu : la « chair ».
v.16 « Je dis donc : Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. »
Avec ces mots, l’apôtre Paul introduit une opposition radicale entre deux modes d’être, deux modes de vie mais aussi deux destinées.
Les versets 16 et 17 soulignent la nécessité de la marche dans l’Esprit pour ne pas accomplir le désir de la chair.
Le verbe « marchez » ici est à l’impératif présent, en grec, et peut se traduire de la manière suivante : « Continuez sans cesse de marcher selon l’Esprit. »
Sans l’Esprit du Christ, on ne peut être chrétien, on ne peut être convaincu que le Christ est vivant, ressuscité et on ne peut grandir dans la foi.
Car l’Esprit Saint est un guide, un ami, un avocat : Il est venu pour nous aider à suivre le Seigneur.
Lorsqu’il est question ici de « marchez», on parle de la vie de tous les jours : nos pensées, nos choix, nos lectures, ce que nous regardons, nos fréquentations, notre façon de nous habiller… Tout ce qui nous concerne au quotidien.
Marcher c’est une façon de se comporter qui évoque une progression.
La Bible parle ailleurs de
- « Marcher en nouveauté de vie » (Romains 6.4)
- « Marcher par la foi, et non par la vue » (2 Corinthiens 5.7)
- « Marcher dans l’amour, à l’exemple de Christ » (Éphésiens 5.2)
- « Marcher comme des enfants de lumière » (Éphésiens 5.8)
Nous avons à nous comporter différemment des gens du monde, parce que nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu, qui nous transforme à l’image du Christ Jésus.
Une opposition
v.16-17 « Je dis donc: Marchez selon l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez. »
L’apôtre Paul exhorte donc à ne pas marcher selon « l’homme », mais selon « l’Esprit ».
Le mot « Esprit » précise la qualité, la manière d’être de la marche attendue. Dans sa marche, le croyant doit dépendre du Saint Esprit. Pour vaincre les désirs de la chair, le chrétien doit compter sur la force que lui donne l’Esprit : Lui seul est capable de nous faire triompher de notre nature pécheresse.
En effet, les désirs de la chair sont extrêmement forts, violents, impérieux : personne ne peut en venir à bout naturellement.
Le mot «désirs» ici , traduit le grec ´epithumia’, qui veut dire : convoitise, désir mais aussi passion. Pour Aristote c’est une soif démesurée pour le plaisir.
A la base le désir est quelque chose de neutre. Mais quand nous sommes enflammés par des désirs cachés, mal orientés, ils nous habitent et nous poussent à faire ce que Dieu ne veut pas.
Nous sommes des êtres de désirs. Seule la marche selon l’Esprit peut permettre de maîtriser les désirs de la chair.
Dieu nous a créé comme des êtres de désirs. Mais ce sont les objets de nos désirs qui nous font nous éloigner de Dieu.
Si, par exemple, nous désirons la Parole de Dieu, nous grandirons dans la relation avec Dieu. Mais si nous désirons autre chose que ce que Dieu veut pour nous, nous nous éloignerons de Dieu.
Dans le combat contre la chair, l’Esprit joue un rôle déterminant : « Car la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux de la chair… »
Nous voyons qu’il y a deux modes de vie, deux choix, deux destinées et deux qualités de vie.
- Vivre selon la chair, l’homme naturel, livré à lui-même, la façon de vivre que nous avons héritée de nos prédécesseurs, d’Adam et Ève, chair déchue
- Vivre selon l’Esprit, qui apporte la nouveauté
Le chrétien quand il reçoit le Seigneur Jésus Christ dans son cœur, qu’il se laisse guider par Sa Parole, qu’il confesse ses péchés, qu’il prie et loue le Seigneur, qu’il fréquente les rassemblements de frères et sœurs, etc., il est guidé par le Saint Esprit qui lui donne de vivre dans le monde de l’Esprit, un monde différent qui apporte une nouveauté.
Nous resterons toujours des être humains, pécheurs sauvés par la grâce de Dieu, mais c’est l’Esprit qui donne la force de maintenir la chair à sa place.
L’apôtre Paul poursuit : « ils [chair et Esprit] sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez. » (v.17)
Nous avons à crucifier la chair, c’est à dire à ne pas la nourrir, à ne pas la laisser prendre toute la place dans nos vies.
Il y a une opposition dans le cœur de tout croyant, entre « ce que je veux » et « ce que Dieu veut ».
Nous voyons dans la vie du Christ qu’Il a toujours choisi de faire la volonté de Son Père. Il s’en régalait. Il était sans péché mais avait compris que Ses propres désirs n’avaient pas à gouverner Sa vie :
- « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre. » (Jean 4.34)
- « Il pria disant : Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. » (Luc 22.42)
Ce n’est donc que par la puissance de l’Esprit du Christ que nous serons capables de dire « non » à tel et tel désir de notre chair, et dire « oui » aux désirs de Dieu.
Les œuvres de la chair
Prenons le chemin du Saint Esprit, marchons selon Son impulsion, afin de ne pas faire les œuvres de la chair. Quelles sont ces œuvres ?
La liste des vices est claire : (v.19-21) « Ils mènent une vie immorale et mauvaise. Ils se conduisent n’importe comment. Ils adorent les faux dieux. Ils pratiquent la sorcellerie. Ils détestent les autres. Ils se disputent. Ils sont jaloux. Ils se mettent en colère. Ils cherchent à passer devant tout le monde. Ils se divisent en partis et en groupes opposés. Ils veulent ce que les autres possèdent. Ils boivent trop, ils mangent trop. Ils font encore bien d’autres choses semblables.
Je vous avertis et je l’ai déjà dit : ceux qui font ces choses là n’auront pas de place dans le Royaume de Dieu. »
La liste comprend des péchés d’ordre :
- Sexuel
- Religieux
- Relationnel
L’apôtre Paul donne ici un avertissement : ceux qui pratiquent de telles œuvres n’hériteront pas du Royaume des Cieux.
C’est d’un comportement continu, d’habitudes complaisantes et non pas d’accidents dont l’apôtre Paul parle ici.
On peut tomber une fois en passant dans le péché, mais il ne faut en aucun cas y demeurer.
Lorsque nous sentons qu’une telle impulsion mauvaise veut s’imposer à nous, nous ne devons pas nourrir ce désir mais demander plutôt au Saint Esprit de nous donner la force d’aller loin et de servir le Seigneur.
Le fruit de l’Esprit
A ce catalogue de vices, s’oppose un fruit avec plusieurs aspects : (v.22) « Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi… »
L’apôtre Paul montre qu’en recevant l’Esprit, les Galates ont reçu le germe d’une vie harmonieuse qu’ils sont invités à réaliser.
Le contraste entre œuvres et fruit est important :
- D’un côté, on a les œuvres de la chair, au pluriel. De l’autre côté, on a le fruit de l’Esprit, unique, parfait.
- D’un côté, avec les œuvres de la chair, il y a une notion d’effort, de tension, de peine. De l’autre, le fruit de l’Esprit a la vie de l’Esprit pour origine. Il y’a une notion de beauté. Il y a certes des choses à faire, mais en comptant sur la puissance de l’Esprit pour pouvoir porter Son fruit.
La chair produit des œuvres mortes. L’Esprit fait germer le fruit vivant.
Neuf vertus composent le fruit de l’Esprit:
- Amour, joie et paix : soit le caractère chrétien par lui-même. Ce sont des vertus intérieures.
- Patience, bonté et bienveillance : soit le caractère chrétien à l’égard de son semblable. Ce sont des vertus extérieures.
- Foi, douceur et contrôle de soi : soit le caractère du chrétien à l’égard de Dieu.
Il est possible pour la vieille nature de contrefaire l’une ou l’autre vertu du fruit de l’Esprit, mais pas de véritablement le porter, et ce de manière continue.
Ce n’est que dans la présence de Dieu, que l’Esprit Saint peut faire mûrir Son fruit au dedans de nous.
Le fruit pousse dans un climat béni : lorsque nous entrons dans l’intimité avec le Père pour méditer Sa Parole, pour prier, intercéder… Lorsque nous choisissons de bonnes lectures, fréquentons les bonnes personnes, servir dans une bonne assemblée où la vérité de l’Évangile est prêchée,
Lorsqu’on veut porter le fruit de l’Esprit, il faut savoir arracher les mauvaises herbes qui étouffent la semence. Dieu nous parle constamment et nous éclaire sur ce qu’il faut arracher radicalement. C’est à nous de faire le tri, de refuser, de s’en aller, de fuir lorsqu’il faut.
« Fuis les passions de la jeunesse, et recherche la justice, la foi, la charité, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur. » (2 Timothée 2.22)
Le fruit de l’Esprit en détail
L’amour
La première vertu est l’amour (agape en grec).
L’amour-agape s’attache à Dieu. L’amour-agape est fidèle et aime même lorsque l’autre est infidèle, lorsque l’autre tombe. L’amour-agape pardonne toujours.
Quand l’Esprit produit le fruit de l’Amour, c’est Dieu qu’Il glorifie, pas l’homme.
L’œuvre de l’Esprit consiste à nous faire ressembler à Christ pour Sa gloire et non pour les éloges des hommes à notre égard.
L’amour dont il est question ici n’est pas l’amour-éros de la passion, ou l’amour-philia de l’amitié, ou encore l’amour-storge de l’affection.
C’est l’amour agape, cet amour que Dieu nous a témoigné et qu’Il veut que nous ayons pour les autres.
Nous l’avons vu dans la prédication précédente : l’amour c’est un comportement, tourné vers les autres. L’amour c’est quinze verbes d’action, ce n’est pas une émotion mais une volonté de faire (1 Corinthiens 13):
(v.4-7) « L’amour est patient, il est plein de bonté, l’amour. Il n’est pas envieux, il ne cherche pas à se faire valoir, il ne s’enfle pas d’orgueil. Il ne fait rien d’inconvenant. Il ne cherche pas son propre intérêt, il ne s’aigrit pas contre les autres, il ne trame pas le mal. L’injustice l’attriste, la vérité le réjouit. En toute occasion, il pardonne, il fait confiance, il espère, il persévère. »
Aimer Dieu c’est être capable d’accepter tout ce qu’Il veut, Son dessein dans nos vies.
Cet amour est un projet de vie.
L’amour inconditionnel, l’amour qui donne sans retenue, l’amour qui s’oublie : on ne peut pas aimer d’une telle manière sans l’Esprit de Dieu.
L’amour est la plus grande vertu de la vie chrétienne.
La joie
La deuxième vertu de l’Esprit c’est la joie.
On ne peut éprouver de joie réelle sans le Seigneur. C’est uniquement dans la relation avec le Seigneur qu’il devient possible de ressentir ce que l’apôtre Pierre appelle « une joie merveilleuse et glorieuse » (voir 1 Pierre 1.8).
La joie terrestre dépendra toujours de quelque chose ou des circonstances (un bienfait, une bonne nouvelle…).
La joie de l’Esprit ne dépend pas de circonstances favorables, c’est un fruit de l’Esprit Saint.
La joie chrétienne n’exclue pas la souffrance. L’apôtre Paul qui a connu de grandes souffrances et épreuves écrira aux Philippiens : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! Je le répète : réjouissez-vous ! » (Philippiens 4.4)
De même, nous avons l’exemple des Thessaloniciens qui avaient reçu « la parole au milieu de beaucoup d’afflictions », mais « avec la joie du Saint-Esprit » (1 Thessaloniciens 1.6)
La joie et la douleur peuvent donc coexister, mais la joie prendra le pas.
Cependant, là où il y a du péché, il ne peut y avoir cette joie de l’Esprit. Ce n’est qu’après avoir confessé notre péché qu’on peut retrouver cette joie de Dieu (Psaume 32 et 51).
Par ailleurs, là où il y a la joie on a pas peur des autres : « L’Éternel est ma lumière et mon salut : De qui aurais-je crainte ? L’Éternel est le soutien de ma vie : De qui aurais-je peur ? » (Psaume 27.1)
Là où il y a la joie chrétienne, elle surpasse la tristesse, elle évacue la mélancolie.
La joie de l’Éternel est la force du croyant.
La paix
Le fruit de l’Esprit c’est aussi la paix.
Sa signification recouvre l’idée de plénitude et de bien être, ce bonheur et cette harmonie que le Seigneur désire offrir.
Il s’agit d’être en paix avec Dieu, et être en paix avec soi et les autres : être en paix dans son cœur, être en paix par rapport à ses activités, être en paix avec son entourage, être en paix avec tous ceux que nous rencontrons.
« Et que la paix de Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Et soyez reconnaissants. » (Colossiens 3.15)
Lorsque la paix du Christ règne, est assise, est réelle dans nos cœurs, nous resterons en paix malgré le chaos extérieur, les troubles, les crises, les tempêtes…
Si nous sommes en paix à l’intérieur nous serons en paix avec les autres : nous serons des artisans de paix.
La patience
Le fruit de l’Esprit c’est aussi la patience.
La patience, c’est la vertu de l’Esprit qui supporte avec persévérance, et même triomphalement les circonstances les plus difficiles de la vie.
Paul écrira : « Usez de patience envers tous .» (1 Thessaloniciens 5.14)
La bonté
Cette vertu chrétienne, c’est le fait d’être bon à l’égard des autres. L’apôtre Paul écrit ainsi : « Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. » (Colossiens 3.12) Cette sorte de bonté, cette gentillesse spirituelle laisse des traces.
La bienveillance
Le fruit de l’Esprit c’est la bienveillance. L’apôtre Paul exhorte ainsi : « Ne te laisse pas vaincre par le mal mais surmonte le mal par le bien. » (Romains 12.21)
La foi / la fidélité
Le fruit de l’Esprit c’est la foi, c’est à dire la fidélité. Il s’agit du fait de rester ferme dans ses convictions, continuer à avancer, persévérer même sous le poids des difficultés. La foi fait croire tout ce que Dieu dit.
La foi implique aussi la fidélité vis à vis de ses engagements.
La douceur
Le fruit de l’Esprit c’est aussi la douceur. Il ne s’agit pas de timidité, ou de s’effacer.
La vraie douceur c’est une force intérieure qui permet d’aller plus loin en supportant tout ce pourquoi Dieu nous fait passer. Elle caractérise celui qui accepte la volonté de Dieu sans ressentiment.
Il peut ainsi se montrer gentil et conciliant par force intérieure et laisser Dieu le diriger.
Le Christ était doux et humble de cœur.
La maîtrise de soi
La dernière vertu qui constitue le fruit de l’Esprit ici est la maîtrise de soi. Il est question ici de modération. Il est question de savoir se maîtriser dans chaque domaine de la vie.
Il ne s’agit pas non plus d’être hypocrite et faire semblant. C’est un équilibre dans les sentiments, les émotions, le langage, le manger, le boire, le vêtement, etc.
Quelqu’un qui a la maîtrise de soi, c’est quelqu’un d’équilibré. « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais je ne me laisserai pas asservir par quoi que ce soit. » (1 Corinthiens 6.12)
Conclusion
Souvenons nous que dans tout ce que nous avons vu plus haut, il s’agit de l’œuvre de l’Esprit dans le cœur de quiconque s’abandonne à l’Esprit.
Lui seul peut faire mûrir en nous Son fruit. Mettons nous donc à la disposition du Seigneur et nous verrons ces choses s’accomplir en nous par la grâce de Dieu.
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